Le projet de Claire Robert, "espaces manutypographiques", se place à la frontière du graphisme et de l’objet. Elle propose de ne plus considérer le livre comme simple support de l’écrit mais comme véritable espace de lecture. Cette idée rejoint parfaitement ma façon de voir et de penser le livre. Non pas comme un simple objet mais plutôt comme un livre de l'espace, un livre des pages. Ainsi, c’est par manipulation et appropriation du livre par le lecteur que l’imaginaire de son auteur prend vie. Le livre est donc objet à lire mais aussi à expérimenter. La lecture n’est pas que visuelle, elle est aussi sensible, palpable. Il faut faire du livre le corps physique de l’ œuvre littéraire. C’est en considérant le livre comme un objet-espace que le lecteur peut s’immerger et s’approprier l’univers d’un texte, d'images ou de tout autre contenu.
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Je vous présente aujourd'hui des travaux de l'autrichien Christoph Almasy, et du japonais Misamichi Katayama.
En collaboration avec FX.Daublebsky et I.Thaller, C.Almasy crée une identité visuelle pour promouvoir le festival DesignMonat, à Graz en mai dernier. Ils utilisent pour cela des formes triangulaires colorées, et de ces triangles ont obtient parfois des autocollants repositionnables au gré de nos envies, comme par exemple sur les plaquettes de la manifestation elle-même et créer de nouveaux motifs. La forme et les couleurs utilisées donnent beaucoup de dynamisme à l'espace de la page. C'est en effet ce qui m'intéresse dans ce travail, différentes façons de rendre du mouvement et du volume sur le papier en 2D.
Et maintenant une surprenante découverte, le portfolio du cabinet d'architecture et de décoration intérieure Wonderwall, fondé en 2000 par Masamichi Katayama. Le traitement de son interface est tout simplement superbe! La page, bien qu'interactive, bouge en tout sens au passage de la souris. Il en ressort un volume incroyable, les formes pourtant carrées se déstructurent en un clin d'œil. La page semble vivre, et comme l'a si bien dit un internaute, "avec ce site l'expression surfer sur internet prend tout son sens"... mais voyez vous-même!
Mercredi 4 novembre nous avons eu la chance d'assister à une conférence donnée par une jeune graphiste, Fanette Mellier. Elle nous a présenté son travail en cours, c'était très intéressant! Elle réalise des affiches, elle a mis en page des textes lors de sa résidence à Chaumont, elle à fait une importante intervention aux Charmettes, ancienne maison de Jean-Jacques Rousseau, etc ...
L'un de ses travaux a particulièrement retenu mon attention lors de la conférence. Il s'agit de Specimen. Elle utilise pour cette affiche le pli de la page. Le texte du verso communique, une fois la page pliée, avec l'image du recto. Et l'image fonctionne tout aussi bien seule, de même que le texte qui se place dans la page de façon atypique!
Le livre nous raconte une histoire, avec du texte, ou des photos, ou des images graphiques etc... Ici, avec le projet pour Microwave de l'agence Milkxhake, on peut sentir la page bouger, vibrer sous nos yeux et entre nos mains. La page danse dans l'espace. Un seul élément graphique démultiplié, renversé, recadré... donne du sens à la page sans y ajouter pour autant un autre élément. (vous retrouverez la page qui m'intéresse sur le site de l'agence dans la rubrique mixture_identity_microwave.)
De la même manière je me suis penchée sur le travail de Kelly Ellsworth. Plus particulièrement sur une partie de son travail qui consiste à peindre des bandes noires à l'aide d'un pinceau, puis il les découpes et les recolles afin de créer une nouvelle image. Le résultat en est d'autant plus dynamique et vivant.
Voici maintenant, en images, quelques uns de mes essais.
Je viens de découvrir par hasard une exposition sur les graffitis à la Fondation Cartier. Si je vous en fait part c'est parce que leur page de présentation est très sympa, les mots bougent dans la page de haut en bas, de droite à gauche, ce qui lui donne beaucoup de dynamisme! Et puis on peut également accéder plus en détails à chaque lettre de chaque mot et d'un point de vu typographique ça semble vraiment très intéressant! Il ne reste plus qu'à aller voir cette expo! :)
Élucider les mystères et paradoxes de la transmission culturelle - tel est le but de la médiologie. On s'efforce de comprendre comment une rupture dans nos méthodes de transmission et de transport suscite une mutation dans les mentalités et les comportements et, à l'inverse, comment une tradition culturelle suscite, assimile ou modifie une innovation technique. Le regard, plus généralement, porte sur les interactions technique/culture, au carrefour des formes dites supérieures de la vie sociale (religion, art, politique) et des aspects les plus humbles de la vie matérielle (usuels, banals, triviaux).
Dans la revue n°4, différents auteurs traitent du "pouvoir du papier". Des parties de cette revue qui m'intéresse dans mes recherches sont De l'art... les plis, ou encore Papiers sensibles.
Je vous parlais plus haut de la rubrique papiers sensibles, je n'ai pas trouvé de véritables liensentre cette rubrique et mes envies de faire de la page un espace à part entière. Cependant je pourrais y trouver un lien avec mes recherches précédentes sur la camera obscura. J'aime le fait que le papier photo-sensible laisse apparaître et découvrir quelque chose. On ne sait pas vraiment ce que l'on va trouver sur la page, c'est une sorte de surprise. C'est en cela que l'idée me paraissait intéressante d'une page de livre qui, dans un premier temps nous apparaît vierge puis qui, une fois exposée à la lumière ou au contact des mains, se dévoile au lecteur et prend enfin tout son sens.
Voici des photos que j'ai faites à l'aide d'une boîte de conserve et d'un morceau de papier photo. Le développement en chambre noire permet l'apparition de l'image sur le papier. C'est assez magique!!
Set de cartes de visites thermosensibles, Contact est le premier projet de Murmure, la nouvelle agence de communication réunissant Julien Alirol, Paul Ressencourt et Simon Roché. Une idée simple et impactante à découvrir tout de suite en vidéo!
"le livre fait partie intégrante de notre quotidien, sans être tout à fait un objet comme les autres. Vecteur de culture, sa mise en pages présente des enjeux qui dépassent sa seule fonction. En s'appuyant sur une riche iconographie, cet ouvrage explicite les différentes étapes de la réalisation graphique d'un livre depuis la définition de son format jusqu'à la création de sa couverture et donne à voir les formidables possibilités de l'édition contemporaine."
Par la suite je me suis demandée en quoi la camera obscura, qui était mon point de départ, motive une recherche qui conduirait à la réalisation d'un livre. Malheureusement plus j'avance dans mon travail et moins je vois d'évidence à aborder ce sujet, qui me semble plus être une contrainte qu'un véritable moteur de recherche.
Je souhaite pourtant traiter de l'espace, le livre devient la scène et les pages de ce livre effectuent une chorégraphie visuelle, par la gestuelle de l'utilisateur.
Michel Butor est un poète et romancier français. Il essaie dans certains de ses livres de concilier à la fois un détachement visible de la forme traditionnelle du roman et une volonté de représenter le monde contemporain.
Voici l'écriture nomade, un ouvrage qui se découvre et se lit de façon singulière de part sa forme et son contenu. On observe ici une approche nouvelle de l'objet-livre. C'est dans cette voie que travaille Michel Butor pour représenter le monde à sa manière par des récits de voyage, des récits de rêve, des illustrations etc...
Et maintenant une petite vidéo, une interview de Michel Butor présentant Territoires l'un de ses ouvrages, et ensuite un livre-sculpture, "La reine de Saba vient faire ses adieux au roi Salomon", réalisé en collaboration avec Pierre Leloup.
Voici en images mes premières "mise en livre", comment je compose le livre avec les pages. Pour moi le fonctionnement du livre naît avant tout de sa manipulation. Pour que le livre existe il doit être touché, ouvert, retourné, feuilleté, contemplé, prêté, offert, dévoré etc... sans ça il n'a pas de vie.
J'essaie d'aborder par d'autres maquettes l'espace dans la page. L'espace en 2D qui est celui de la page, page d'un format définit et qui prendrait vie grâce à son contenu. D'autre part l'espace en 3D qui déploie la page dans l'espace lui apportant ainsi une nouvelle dimension, tout en conservant, une fois fermé, l' "aspect" d'un livre, composé de plusieurs pages et d'une couverture.
